Journal Ouest-France du 27/12/2011
Edition : Nantes Nord-Loire - Rubrique : Treillières
L'ordre de désarmement du 12 juin 1832, retrouvé dans les archives municipales.
L'association "Treillières au fil du temps" nous guide dans un voyage dans le passé. Quatre articles reviennent sur notre histoire locale.
Jean Bourgeon est l'auteur d'une Histoire de Treillières des origines à la Révolution, La vie est dans le pré. Avec l'association Treillières au fil du temps, il s'apprête à publier au printemps 2012 la suite de cette histoire de la commune sous le titre Treillières un village au Pays nantais : 1800-1945 (1).Aujourd'hui, en sa compagnie, remontons aux temps pas si lointains, où il y avait encore des loups sur la commune.
Dans les années 1830, les loups font encore des ravages dans les troupeaux de moutons de Treillières. Pour preuve, ce document écrit par le maire Alexandre Vincent en 1833 : « L'an 1833, le 30 avril s'est présenté devant nous les nommés Jean Chatelier et Jean Dumoulin qui ont déclaré que, le 28 avril courant, des enfants gardant leurs moutons aperçurent un loup qui venait pour détruire les dits moutons, crièrent dessus et le loup rentra dans le bois voisin nommé le bois du moulin. Les enfants coururent aussitôt avertir leurs parents qu'un loup venait de se réfugier dans le dit bois, les parents s'empressèrent aussitôt de prendre un moyen de sa destruction. Ils étaient bien embarrassés où prendre des armes puisqu'on leur avait retiré les leurs, mais ayant connaissance qu'on avait laissé les fusils aux membres du conseil de la commune se transportèrent chez trois des plus voisins en les priant de leur prêter leurs armes... Ils se sont réunis au nombre de dix dont trois armés. Ceux non armés ont entré dans le bois et les autres se sont mis au passage présumé de sa sortie ; que peu d'instant après le loup se présenta ; les trois tireurs tirèrent dessus et le piquèrent tous trois qui sont Jean Chatelier fils d'un membre du conseil, Jean Dumoulin laboureur et Jean Chatelier meunier, ils ont fini par le tuer, en ont coupé la tête et nous l'ont présentée en disant qu'il était mâle ayant de 3 à 4 ans, que d'après la circulaire ministérielle du 9 juillet 1818 une prime d'encouragement doit être distribuée aux personnes qui l'ont tué ».
Des loups à Treillières ou la mort du loup
Prétexte ou réalité ?
« Cet événement pourrait sembler anecdotique », relève l'historien. « Mais ce loup cache un autre visage de l'histoire de la commune, celui d'une population au bord de la révolte à qui l'on a confisqué les fusils en juin 1832 (sauf ceux des conseillers municipaux) pour l'empêcher de « chouanner ». Depuis cette date les Treilliérains n'ont de cesse de réclamer leurs chères armes « y étant attachés autant qu'à leur femme » selon le maire. D'où cette opportune réapparition des loups, dans la correspondance entre le maire et le préfet, pour justifier du « bon usage des fusils dans la défense des troupeaux. » Quelque temps plus tard les Treilliérains récupéreront leurs armes et on n'entendra plus parler des loups !
(1) Treillières, un village du Pays nantais (1800-1945) est actuellement en souscription. Le bulletin de souscription - encarté dans le magazine municipal de novembre - est également disponible à la bibliothèque et téléchargeable sur ce blog
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