Article Ouest-France du 9 novembre 2013
Lundi 11 novembre, vers midi, sur la façade de l'ancienne gare, la commune de Treillières dévoilera une plaque en hommage à Gisèle et à son frère Joseph Fraud. L'initiative de l'association Treillières au fil du temps entend ainsi honorer le courage de deux des enfants du chef de gare qui résistèrent à l'époque à l'occupant nazi et furent déportés en camp de concentration. Gisèle honorera de sa présence cette cérémonie à laquelle la population est conviée.
Joseph, résistant à 22 ans
Joseph Fraud est né en 1921 et domicilié à Treillières depuis 1932, quand son père y fut nommé chef de gare. En 1943, alors instituteur récemment nommé à La Montagne, il refuse de se soumettre au Service du travail obligatoire (STO) en Allemagne nazie. Il quitte sa profession et entre en clandestinité. Il s'engage auprès de Libertaire Rutigliano, Nantais responsable du mouvement de résistance communiste Front National. Il participe à des sabotages, à des évasions de résistants et à la mise en place d'une imprimerie clandestine qui éditera un journal pour contrer la propagande de Vichy.
Ses responsabilités dans la Résistance grandissent. Sous le nom de Duhart et de Victor, il réorganise les Francs Tireurs et Partisans (FTP) du département et en devient le responsable régional. Arrêté à Angers en juin 1944, il est déporté en août dans le terrible camp de Buchenwald. Libéré le 1er avril 1945 par les Alliés américains, il est de retour à Treillières le 25. Joseph retrouve la vie civile et l'Education Nationale. Il décèdera accidentellement en 1969, à l'âge de 49 ans.
Gisèle, résistante à 20 ans
Sœur cadette de Joseph et employée au Service régional des assurances sociales de Nantes, Gisèle sert d'agent de liaison à son frère. « C'est de la gare de Treillières que partaient les stencils que je tapais sur une machine à écrire vétuste, pour ronéotyper des tracts que nous distribuions dans les usines et administrations », se souvient-elle.
Arrêtée en avril 1944 sur dénonciation et torturée dans les sinistres locaux de la Gestapo nantaise, elle sert, sans succès, d'appât à Nantes puis à Treillières pour arrêter Joseph. Déportée à Ravensbrück sous le matricule 51491, elle recouvre la liberté un an plus tard en mai 1945. Elle ne pèse plus que 35 kg quand elle rejoint alors Treillières. Aujourd'hui, Gisèle ne cesse de témoigner pour la mémoire (1), notamment auprès des scolaires.
Gisèle Giraudeau-Fraud a confié sa tenue de déportée au Musée d'histoire de Nantes. Cette tenue est actuellement présentée (jusqu'en février 2014) dans le cadre de la remarquable exposition « En Guerres » au château des Ducs de Bretagne.
Loïc Bonnet
(1) Il y a quelques années, Gisèle avait longuement témoigné auprès des élèves de Treillières dont une école porte le nom de son frère, « Joseph-Fraud ». Filmé, ce témoignage poignant est visible sur le blog de l'association Treillières au fil du temps (http://treillieresaufildutemps.blogspot.fr). La Compagnie du Saut de l'Ange (Paris) prépare une adaptation théâtrale du témoignage de Gisèle (« De tant d'horreurs mon cœur devint immense ») en partenariat avec les Amis de la fondation pour la mémoire de la déportation (AFMD).
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