BLOG de l'assocation "Treillières au Fil du Temps"

Ce blog relate au fil de son actualité, les activités de notre association créée en 2007 à TREILLIERES, commune en pays Haut-Breton située en Loire-Atlantique - FRANCE ainsi que des pages de l'Histoire des habitants et du territoire. Bonne visite !

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10 septembre 2008

QUAND LES TRAINS SIFFLAIENT EN GARE

Un de nos premiers ateliers a été : « La gare de Treillières »

L'association s'est donc penchée sur l'histoire de la gare et de l'ancienne voie ferrée . Aujourd'hui, certains envisagent de réhabiliter cette ligne de chemin de fer - ouverte en 1901 et fermée en 1952 - dans le cadre d'une liaison ferroviaire entre Nantes et le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

En 1880, le voyageur désirant se rendre en train de Nantes à Rennes (et inversement) avait le choix entre deux itinéraires : soit par Châteaubriant (125 km), soit par Redon (152 km).

Dans les deux cas, l'attente était interminable, à Châteaubriant comme à Redon, du fait de la concurrence de deux compagnies ferroviaires.

Le voyage était irréalisable en une journée !

Pourtant, en 1879, Charles de Freycinet, ministre des travaux publics de la IIIe République, lança un ambitieux programme national de construction de chemins de fer. Confié à des compagnies privées ou pris en charge directement par l'État, son plan prévoyait 8 700 km de lignes d'intérêt local, répartis en 181 projets.

La liaison de Beslé à La Chapelle-sur-Erdre, par Blain, y figurait au 61e rang...

C'est la Compagnie de l'Ouest qui prit la décision d'ouvrir une ligne plus directe et plus rapide entre les deux grandes villes bretonnes, et d'assurer une jonction avec le réseau de l'État couvrant le sud de la Loire.

Ainsi naquit le projet d'une ligne de Beslé à La Chapelle-sur-Erdre, par une concession accordée le 17 juillet 1883 à la Compagnie de l'Ouest.

Cependant la ligne de chemin de fer « Beslé à La Chapelle-sur-Erdre, par Blain » fut longue à se concrétiser.«Il y eut de nombreux problèmes à résoudre : choix des tracés, querelles de clochers, expropriation de terrains, adjudication des travaux », explique Gustave Jouanno, dans un intéressant et complet mémoire consacré à ce projet.«La réalisation intervient en deux étapes, espacées d'une décennie, au terme de laquelle fut d'ailleurs réalisée la fusion entre la Compagnie de l’Ouest et le réseau de l’Etat

Le premier tronçon - de Blain à La Chapelle-sur-Erdre (29,6 km) - fut ouvert à la circulation des trains le 19 août 1901.

Le second - de Beslé à Blain (30,8 km) - entra en service le 1er juillet 1910...

D'une longueur de 61,4 km, la ligne à voie unique, fermée au service de nuit, était entièrement tracée en Loire-Inférieure. Elle totalisait 76 passages à niveau, dont trois dans la seule traversée du bourg de Treillières (Vireloup, rue de la gare et Belle-Etoile).

Au nord, à Beslé, (Beslé-sur-Vilaine est aujourd'hui une section de la commune de Guémené-Penfao), elle se détachait de la voie Rennes-Redon.

Au sud, à La Chapelle-sur-Erdre, elle se greffait sur la ligne Châteaubriant-Nantes (compagnie « Paris-Orléans ») pour rejoindre Saint-Joseph-de-Portricq, Doulon et Nantes, via le pont de la Jonelière.«En dehors de son rôle régional (liaison plus directe entre Nantes et Rennes), cette section était un tronçon capital de liaison Manche-Pyrénées, de Saint-Malo à Hendaye, par Rennes, Nantes, La Rochelle et Bordeaux», poursuit Gustave Jouanno. D'ailleurs, dans les années 1930, les prestigieux express « Manche-Océan » et « Côte d'Emeraude-Pyrénées » l'empruntèrent. « Ils passaient en gare sans s'arrêter, dans un fracas assourdissant», se souviennent des témoins.

L'inauguration de la gare de Treillières eut lieu le 9 août 1901, «en présence de membres du gouvernement», précisent les archives municipales, sans donner les noms.

Le maire de l'époque était Jean Énaudeau, domicilié à Nantes.

On sait aussi que le coût de cette inauguration et de la réception associée s'éleva à 500 F,

dont 160 F pour la décoration,

141 F pour le cabaretier Jahan,

40 F pour le boulanger Barboiron,

24 F pour le forgeron Robert

et 50 F pour un artificier (compte rendu du conseil municipal du 4 mai 1902).

À l'ouverture du premier tronçon - de Blain à La Chapelle-sur-Erdre, via Treillières - en août 1901, trois circulations quotidiennes d'omnibus dans chaque sens reliaient Blain à Nantes (gare de l'État).

Quand ouvre le second tronçon - de Beslé à Blain - en juillet 1910, il y a chaque jour deux express Rennes-Nantes (desservant Beslé et Blain), deux omnibus Beslé-Blain et un train léger Blain-Nantes.

La ligne restant fermée la nuit, le trafic évolua peu après la guerre 14-18, gagnant seulement un train express Nantes-Rennes.

Au cours des années 1930, la ligne bénéficia du passage de trains «long parcours » en plus du trafic habituel.

Ces trains prestigieux pour l'époque reliaient notamment Saint-Malo à Hendaye, via Rennes, Nantes et Bordeaux...

En 1934, le tronçon Savenay-Redon passa sous contrôle de l'État, qui eut vite fait d'harmoniser les horaires en gare de Redon.

«On commença à détourner les trains Rennes-Nantes par Redon .L'arrêt de mort de la ligne Beslé-La Chapelle était pratiquement signé», note Gustave Jouanno dans son étude.

Au cours des années 1938-1939, les comptages «voyageurs» firent apparaître un «taux de remplissage» extrêmement faible sur tous les omnibus.

«Le déficit était constant et irréversible»

Le service voyageur fut supprimé le 9 janvier 1939.

Le service marchandises continua entre Beslé et La Chapelle, mais il était si faible que la dorénavant SNCF le déclara «dépourvu d'intérêt commercial».

La ligne fut définitivement supprimée le 18 mai 1952.

«J'ai emprunté très souvent l'omnibus qui reliait Nantes à Beslé (Guémené-Penfao) par Blain, car après l'école primaire de Treillières, je suis allée, avec mon frère et ma soeur, au cours complémentaire - on dirait aujourd'hui le collège - de Blain, jusqu'en 1939 », se souvient Gisèle Fraud-Giraudeau, fille du chef de gare de l'époque.

Le service voyageurs fut supprimé cette même année, mais il existait un service de plusieurs trains de marchandises. » La gare connaissait en effet un trafic important de wagons (paille, engrais, pommes de terre et fruits), destinés aux clients d'Héric, Grandchamp et Treillières.

Avec la guerre en 1940 et l'occupation nazie vint l'exode des réfugiés qui arrivaient de Belgique et du nord de la France. «Ma mère, d'un caractère très généreux, accueillit plusieurs familles pendant cette période, à tour de rôle, bien entendu, le logement étant assez restreint... »

Les bombardements se firent de plus en plus fréquents sur Nantes. «Les trains de voyageurs recommencèrent à circuler pour permettre aux ouvriers, employés à Nantes et qui se réfugiaient dans les communes de la banlieue (jusqu'à Blain), de venir travailler chaque jour à Nantes »

À partir de l'été 1944, la gare servit également d'intendance à l'armée américaine. «Des wagons entiers de matériels et de ravitaillement y arrivaient.»

Puis la vie reprit de nouveau. Mais la ligne connut de moins en moins de trafic, jusqu'à la suppression des trains et... des rails.

Pendant plusieurs décennies, la gare sera oubliée de tous, avant que le conseil général accepte une proposition de reconversion en logements, présentée par la commune.

Au cours des années 1988-1989, l'ancienne voie ferrée sera l'objet d'un important chantier d'aménagement (débroussaillement, empierrement...), en vue de l'ouvrir au tourisme vert (sentier pédestre et équestre). Financé par le Département, ce projet fut mené à bien dans le cadre d'une opération de réinsertion de prisonniers en fin de peine

4 commentaires:

  1. Anonyme20/12/08

    Au-delà des souvenirs, cet article montre la nécessité de mettre en service une liaison directe et rapide entre les deux grandes villes de l'est de la Bretagne.
    Avec la réunification administrative qui, nous l'espérons, devrait prochainement intervenir, cette liaison devrait connaître un rapide développement.

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  2. Anonyme8/1/09

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  3. Un grand merci pour cette passionnante évocation détaillée de la ligne de Nantes à Blain, tracée au début du siècle par... mon grand-oncle Jules MAHÉ, ingénieur aux Chemins de fer de l'Etat, qui faisait partie du "Bureau d'études" en gare de Blain, où il vivait depuis sa jeunesse. Dans mon enfance (j'ai 55 ans) lorsque nous allions voir des amis près de Treillières, nous passions sous le pont-rail en venant de La Chapelle-sur-Erdre, et j'ai souvent demandé à ma mère (hélas depuis totalement privée de mémoire du fait de la maladie d'Alzheimer) des détails sur l'époque où elle prenait le train Gare de l'Etat à Nantes avec son oncle pour l'accompagner à Blain. La plus belle partie de la ligne était, selon elle, la traversée de la forêt du Gâvre, la ligne à voie unique étant noyée dans la verdure. La gare du Gâvre était dans la forêt, à La Maillardais. L'oncle, furieux de devoir ensuite prendre l'autocar (un camouflet pour un cheminot!), ne s'est jamais remis de l'arrêt du service voyageurs sur "sa" ligne préférée. Décédé peu après la Libération, il n'en a heureusement pas vu la dépose des rails en 1952. Si jamais un jour elle renaît avec un tram-train vers l'aéroport de Notre-Dame des Landes, ce sera pour lui une revanche posthume !
    Je serais en tout cas très intéressé de lire le mémoire de monsieur JOUANNO, je vais vous contacter à ce sujet.
    Un grand merci et un grand bravo pour ce superbe travail de recherche. J'ignorais que des trains de luxe avaient emprunté "la ligne de l'oncle", et le témoignage de Mme Fraud-Giraudeau est également très intéressant.

    Louis-Marie FORATIER-MAHÉ
    Webmaster bénévole de l'association Loco Vapeur Nantes (http://www.141r1199.fr)

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  4. Réginald7/5/13

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