BLOG de l'assocation "Treillières au Fil du Temps"

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10 août 2009

Et la Vierge perdit la tête par trois fois !

Ouest-France édition du 15 août 2007
clip_image002Notre-Dame-des-Dons trône dorénavant dans le sanctuaire aménagé à son intention en l’église paroissiale Saint-Symphorien. Statue en pierre d’une Vierge richement vêtue. Assise, Marie tient l’Enfant sur ses genoux. Son corsage entrouvert laisse le sein gauche à la disposition de Jésus. Si elle pouvait parler, nul doute qu’elle en aurait des choses à dire ! «Peu de Vierges furent aussi maltraitées par les hommes», confie le curé Bernard dans la monographie qu’il lui consacra.
La tradition rapporte que la statue a été offerte à la chapelle des Dons (lire notre édition précédente) par François II, Duc de Bretagne, en 1472. Quoi qu’il en soit, l’œuvre est reconnue comme étant du 15è siècle. En Pays nantais, voire bien au-delà, cette Vierge allaitant devint objet de vénération pendant plus de trois siècles…
À la Révolution, la statue fut cachée dans le tronc creux d’un des ifs gardant l’entrée de la chapelle (1). La période révolutionnaire révolue, en l’extrayant de sa cachette, elle aurait perdu la tête une première fois. Un sculpteur local l’affubla d’une tête en plâtre… Marie n’était pas au bout de ses aventures.
En 1815, la chapelle tombant en ruines, le curé décide de transférer en secret la statue dans l’église paroissiale. La légende raconte que, lors du transport nocturne, un terrible orage éclata et faillit anéantir l’opération. Retraite paisible, jusqu’en 1905. Au mois de décembre de cette année - suite à l’adoption de la loi de Séparation des Eglises et de l’Etat et en prévision des Inventaires - Notre-Dame fut enfermée derrière les comptoirs d’une épicière du bourg. Elle y restera sept ans.
Cachez ce sein que je ne saurais voir ! «Les clercs de l’époque crurent bon aussi de rappeler à Marie les règles élémentaires de la décence, en la peinturlurant.»
En 1954, le curé décide de confier la statue à un artiste, avec le secret espoir qu’il lui redonne sa splendeur d’antan. Lors du voyage, elle tombe et se brise une seconde fois la tête… Un «relooking» complet s’impose alors. «La seconde tête était laide et triste. La troisième fut carnavalesque. Et ça dura 13 ans», note le curé Bernard.
En 1967, ce dernier décide de prendre les choses en main. Il confie Notre-Dame à un sculpteur breton de renom, Raffig Tullou. L’homme de métier en profite pour lui offrir une toilette complète, restituant l’ancienne polychromie du 15è siècle. La nouvelle et définitive tête de la Vierge est coiffée de la couronne Ducale. D’aucuns croient y reconnaître le faciès d’Anne-de-Bretagne. Clin d’œil de l’artiste décédé en 1990 à Saint-Herblain?
L.B.
(1) Lire «Mémoire en images: Treillières, Sucé-sur-Erdre et Grandchamp-des-Fontaines», Loïg et Soazig.Bonnet, éditions Alan Sutton (2000). L’ouvrage épuisé en librairie est néanmoins disponible à la bibliothèque municipale.
Photo : Après bien des vicissitudes, la statue de Notre-Dame-des-Dons (15è siècle), restaurée en 1966 par Raffig Tullou, est aujourd’hui exposée dans l’église paroissiale de Treillières sous haute protection.

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